Les Tontons Flingueurs

Dialogues de Michel Audiard

Film de Georges Lautner

(1963 - 1:46 - Noir & blanc)

Musique de Michel Magne

Prise de vues de Maurice Fellous

Scénario de Georges Lautner et Albert Simonin

D'après le roman d'Albert Simonin

" Grisbi or not grisbi "

Distribution :


Transcription et adaptation intégrales pour Les Tontons Flankers, y compris remarques situationnelles, germanisation et autres colorisations locales, par Frédéric Borne.

Départ de l'usine de Montauban


M'sieur Fernand : - C'est quand même pas la première fois, non ?

Le 1er ouvrier : - J'dis pas qu'c'est la première fois qu'vous montez à Paris, M'sieur Fernand, j'dis qu'ça tombe mal... Si le vent est frisquet, vous avez une couverture à l'arrière et Germaine a mis du thé dans l'thermos.

M'sieur Fernand : - Et pourquoi pas d'la quinine et un passe montagne !? On croirait vraiment que ch'pars au Tibet !

Le 2ème ouvrier :- Au revoir, M'sieur Naudin.

M'sieur Fernand : - Au revoir, Gustave.

Le 1er ouvrier : - M'sieur Fernand... La foire battra pas son plein avant dimanche... Si vous pouviez quand même être là...

M'sieur Fernand : - Ch't'ai déjà dit qu'j'en avais pour quarante-huit heures maximum !... Et puis enfin, bon Dieu, quoi ! Vous avez quand même pas besoin d'moi pour aligner dix tracteurs dans un champs, non !? Hein !?!... Tâchez plutôt qu'elle tombe pas en panne comme la dernière fois.

Le 1er ouvrier : - Qu'est-ce qui a été en panne ?

M'sieur Fernand : - La dépanneuse.

Le 1er ouvrier : - Oh ! M'sieurFernand...

Dans la caisse, devant le bowling


M'sieur Fernand : - (Gamberge pour sa pomme...) " Louis de retour - présence indispensable "...Présence indispensable !... Après quinze ans d'silence, y'en aqui poussent un peu, quand même !... Quinze ans d'interdiction de séjour...Pour qu'il abandonne ses cactus et qu'y r'vienne à Paris, faut qu'y'en arrive une sévère, au vieux Louis... Ou qu'il ait besoin d'pognon, ou qu'y soit tombé dans une béchamel infernale...

À l'arrivée dans le bowling


Henri : - Éh ben, ma vieille, tu nous fait attendre... La route a pas été trop toc ?

M'sieur Fernand : - Ben, suffisamment.

Henri : - Ça fait plaisir de t'revoir...Le Mexicain commençait à avoir des impatiences.

M'sieur Fernand : - Ah, parce qu'il est revenu, c'est pas un char ?

Henri : - Oh, ben, je m'serais pas permis.

M'sieur Fernand : - Avoue qu'ça fait quand même une surprise, non ?

Henri : - Les surprises, t'es p't-êt' pas au bout... Viens.

(Ils tracent jusqu'à la carrée du Mexicain... Henri toque à la lourde... Pascal déboucle...)

Henri : - C'est Fernand.

Pascal : - M'sieur Fernand est là...

Louis : - Oui, qu'il entre, qu'il entre...Éh ben, c'est pas trop tôt !... J'croyais qu't'arriverais jamais...ou bien qu't'arriverais trop tard...

M'sieur Fernand : - Ben... tu sais, neuf cents bornes, faut quand même les tailler...

Louis : - Ça fait quand même plaisir de t'revoir, vieux voyou !

M'sieur Fernand : - Hé... À moi aussi...

Louis : - Éh, j'ai eu souvent peur de clamser là-bas, au milieu des macaques... sans avoir jamais revu une tronche amie... Et c'est surtout à la tienne que j'pensais...

M'sieur Fernand :- Éh, tu sais, moi aussi, c'est pas l'envie qui m'manquait d'aller t'voir... mais on fait pas toujours c'qu'on veut... Et toi ?... J'ai pas entendu dire que l'Gouvernement t'avait rappelé... Qu'est-ce qui t'a pris d'revenir ?

Louis : - Merci, toubib. Merci pour tout...Henri, dis-leur de monter...

M'sieur Fernand : - Tu crois pas qu'y vaut mieux, quand même...

Louis : - Ouais, me coupe pas... sans quoi on n'aura p'us l'temps... Henri, fais tomber cent sacs au toubib...

M'sieur Fernand : - Bon, alors... Qu'est-ce qui s'passe, Louis ?

Louis : - Je suis revenu pour caner ici...et pour me faire enterrer à Pantin, avec mes vioques... Ouais. Oooh, les Amériques, c'est chouette pour prendre du carbure... on peut y vivre aussi... à la rigueur...mais question d'laisser ses os... hein ?... y'a qu'la France... Hé, je décambute bêtement, et j'laisse une mouflette à la traîne...Patricia... Et c'est d'elle que j'voudrais qu'tu t'occupes...

M'sieur Fernand : - Éh ben, dis donc.T'en as de bonnes, toi !

Louis : - T'as connu sa mère, Suzanne-Beau-Sourire ?

M'sieur Fernand : - T'es marrant, dis donc.C'est plutôt toi qui l'a connue !...

Louis : - Au point de vue oseille, j'te laisse de quoi faire c'qu'y faut pour la P'tite... Oui, j'ai des affaires qui tournent toutes seules. Maître Follasse, mon notaire, t'expliquera... Bah ! Tu sais combien ça laisse, une roulette... Soixante pour cent d'velours...

M'sieur Fernand : - Et sur le plan des emmerdements,t rente-six fois la mise, hein !?... Ah, écoute, Louis... Euuuh.. ta môme,tes affaires, tout ça, c'est... c'est bien gentil, mais... moi aussi, j'aimes affaires, tu comprends ?... Et les miennes, en plus, elles sont légales...

Louis : - Ouais, j'ai compris, quoi... Lespotes, c'est quand tout va bien...

M'sieur Fernand : - Ça va pas, toi,dis !? Hein !?!.. J'ai pas dis ça !

Louis : - Non, non, t'as pas dis ça,t'as pas dis ça... mais tu livrerais ma p'tite Patricia aux vautours !...Hooofff... Oh, mon p'tit ange...

M'sieur Fernand : - Ton p'tit ange, ton p'titange, hein !...

Louis : - Oui,oh, maintenant qu't'es dans l'honnête, tu peux pas savoir le nombre de malfaisantsqui existent... Hé ! Eul'monde en est plein !... Y vont m'lamettre sur la paille, ma p'tite fille... On va la dépouiller... on va toutlui prendre... Je l'avais faite élever chez les sœurs... apprendre l'anglais...enfin, tout... Résultat, elle finira au tapin... Et ce sera d'ta faute !...Hein, t'entends !? Ce sera d'ta faute !

M'sieur Fernand : - Écoute, arrêteun peu, hein !?!... Depuis plus d'vingt piges que j'te connais, j'te l'ai vufaire cent fois, ton guignol, alors hein !?... Et à propos d'tout !...De cigarettes, de came, de nanas... La gérémiade, ç'a toujoursété ton truc, à toi !... Et une fois, j't'ai mêmevu chialer, alors tu vas quand même pas m'servir ça à moi, non ?!

Louis : - Si !!!... Ben, tu t'rendspas compte, saligaud, qu'elle va perdre son père, Patricia !... Que j'vaismourir ?...

M'sieur Fernand : - Oh, ch'te connais, t'enest capable !... Voilà dix ans qu't'es barré, tu reviens, je laissetout tomber pour te voir et c'est pour entendre ça ?... Et moi, commeune pomme...

(Toc—toc—toc...)

M'sieur Fernand : - Entrez !

Louis : - Éh, dis donc, Théo.T'aurais pu monter tout seul !...

Théo : - Zi za prédzence doitfous donner dé la fièfre...

Louis : - Oui, chez moi... quand les hommesparlent, les gonzesses se taillent...

L'ami de théo : - (Chuchottant...)Je t'attends en bas...

Théo : - (Chuchottant...) Àtout de dzuite...

Louis : - Voilà... Je s'rai bref...J'viens d'céder mes parts à Fernand, ici présent. C'est luiqui m'succède.

Raoul Volfoni : - Mais, tu m'avais promisde m'en parler en premier !...

Louis : - Exact ! J'aurais pu aussiorganiser un référendum... mais j'ai préférer faire commeça... Pas d'objection ?... Parce que... moi, j'ai rien d'autre àdire... Je crois que... tout est en ordre... Non !?

(Les " cadres " décarrent...)

Louis : - Pascal... Pascal...

M'sieur Fernand : - Oh ! Louis !Ben, Louis !... Louis, quoi !?! Merde ! Pascal !!!...

Louis : - Je vais plus vous retenir longtemps...

M'sieur Fernand : - Mais déconne pas,Louis !

Louis : - Je sais de quoi ch'parle...

M'sieur Fernand : - Tu veux pas qu'j'ouvrela fenêtre, un p'tit peu ? Hein ?... Merde... Tu vois, regarde...Il fait jour...

Louis : - D'ici... on voit... que le ciel...Mais je m'en fous, du ciel, moi... J'y serai dans peu d'temps.... Non, ce qui m'intéresse...c'est la rue... Y m'ont filé directement de l'avion dans l'ambulance... J'ai...j'ai rien pu voir... D'ailleurs... ça a du... ça a du drôlementchangé, hein ?

M'sieur Fernand : - Tu sais, pas... pas tellement,quoi...

Louis : - Éh ben, raconte quand même...

M'sieur Fernand : - Éh ben... C'est...c'est un p'tit matin comme tu les aimes... Comme on les aimait, quoi... Les fillessortent du Lido, tiens !... Pareil qu'avant... Tu te souviens ? C'est...c'est à c't'heure-là qu'on emballait...

(De retour au bar...)

M'sieur Fernand : - Si un jour, on m'avaitdit qu'y mourrait dans son lit, çui-là...

Théo : - " Das Leben einesMan ist zwischen Himmel und Erde vergegen der Sprung eines jungen weißes Fohlenüber einen Graben... ein Blitz... pfft... es ist verbeit... " (" Lavie d'un homme entre ciel et terre passe comme le saut d'un poulain blanc franchissantun fossé... un éclair... et c'est fait... ")... Chine...IV eme ziècle afant Iézous-Khrist'...

Henri : - On nait, on vit... On trépasse...C'est comme ça pour tout le monde.

Raoul Volfoni : - Pas forcément !...Enfin, j'veux dire, on meurt pas forcément dans son lit... Ben, voyons...Hé !...

M'sieur Fernand : - (Vanné...)Dis donc, ch'tiens plus en l'air, moi... T'aurais pas une bricole à grignoter-là ?...

Henri : - Bien sûr.

M'sieur Fernand : - (En désignantun paquet de clopes...) C'est à toi ça ?

Henri : - Sers-toi.

Raoul Volfoni : - Y'a vingt piges, le Mexicain,tout le monde l'aurait donné à cent contre un, flingué àla surprise... Mais c't'homme-là, c'qui l'a sauvé, c'est sa psychologie...

Paul Volfoni : - Tout le monde est pas forcémentaussi doué...

Pascal : - La psychologie, y'en a qu'une...Défourailler l'premier...

Théo : - Z'est un peu zommaire, mais...za peut-être efficadze...

Raoul Volfoni : - Et le Mexicain, ç'a été une épée, un cador... Moi, ch'uis objectif, on parlera encore de lui dans cent ans... Seulement, faut bien reconnaître qu'il avait décliné... surtout d'la tête...

Paul Volfoni : - C'est vrai qu'sur la fin,y disait un peu n'importe quoi... Il avait comme des vapes... Des caprices d'enfants...

M'sieur Fernand : - Merci, Henri.

Raoul Volfoni : - Enfin, toi qu'y as causéen dernier... t'as sûrement remarqué !?

M'sieur Fernand : - Remarqué quoi ?

Raoul Volfoni : - T'as quand même paspris au sérieux cette histoire de succession !?

M'sieur Fernand : - Pourquoi ?... Fallaitpas ?... Ben, j'ai eu tort...

Raoul Volfoni : - Ah ! Et voilà...

Paul Volfoni : - Tu vois Raoul, c'étaitpas la peine de s'énerver... Monsieur convient.

Raoul Volfoni : - Éh... Y'en a quiabuseraient de la situation, mais... mon frère et moi, c'est pas notre genre...Qu'est-ce qu'on peut faire qui t'obligerait ?

M'sieur Fernand : - Décarrer d'ici...J'ai promis à mon pote de m'occuper d'ses affaires... Puisque je vous disqu'j'ai eu tort... Là !... Seulement tort ou pas tort, maintenant, c'estmoi l'patron... Voilà...

Henri : - (Lui tendant l'bigo...)Pascal !

Pascal : - Oui ?

Paul Volfoni : - Écoute... On t'connaîtpas... mais laisse nous t'dire qu'tu t'prépares des nuits blanches... desmigraines... des " nervousses brékdones ", comme on ditd'nos jours...

M'sieur Fernand : - J'ai une santéd'fer... V'là quinze ans que j'vis à la campagne... Que j'me coucheavec le soleil et que j'me lève avec les poules...

Henri : - Y'a du suif chez Tomate... Troisvoyous qui chahutent la partie... Les croupiers ont les foies pour la caisse, y d'mandentde l'aide...

M'sieur Fernand : - Ça arrive souvent ?

Théo : - Chamais !...

Pascal : - Ça doit pouvoir se réglerà l'amiable.

Henri : - Si tu tiens à regagner taprovince rapido, t'aurais intérêt à aller voir... Ce s'rait toujoursça d'gagné, c'est sur ton chemin... (Voyant M'sieur Fernand se bilerde Raoul et Paul...) Oh, les Volfoni... t'inquiète pas...

Théo : - " La bafe du krâpaudn'empêche pas la karavane dé pazzer. "

Henri : - Ciao !...

M'sieur Fernand : - Dis donc, ça t'gènepas qu'on y aille ensemble ?

Pascal : - C'est pas qu'vous gênez,M'sieur Fernand... mais je n'sais pas si ça va bien vous plaire.

M'sieur Fernand : - Éh ben, ça,ch'te l'dirai !...

L'ami de Théo : - (Chuchottant...)À ton avis, c'est un faux caïd ou un vrai branque ?

Théo : - Pour moi, z'est rien du tout...Un koup' de téléphone et dix minutes après... il exizte plus...

Dans la tire, sur le chemin du clandé de Tomate


Pascal : - J'admets qu'ils ont l'air de deuxbranques... mais j'irais pas jusqu'à m'y fier, non... C'est quand mêmedes spécialistes... Le jeu, ils ont toujours été là-dedans,les Volfoni Brothers !... À Naples, à Las Vegas... Partout oùy'a des jetons à racler, y tenaient les râteaux, hein !?...

M'sieur Fernand : - Mais... et l'autre, là ?Le... le coquet ?

Pascal : - L'ami fritz ?...

M'sieur Fernand : - Hm...

Pascal : - Il s'occupe de la distillerieclandestine.

M'sieur Fernand : - C'est quand mêmemarrant, les évolutions... Quand j'l'ai connu, l'Mexicain, y recrutait paschez Tonton...

Pascal :-  Vous savez c'que c'est, non ?...L'âge, l'éloignement... À la fin de sa vie, il s'étaitpenché sur le reclassement des légionnaires...

M'sieur Fernand :-  Ah, si c'est une œuvre,alors, là... là, c'est autre chose...


À l'arrivée dans le petit bois, devant la roulette


Pascal : - Voilà... Ici, c'est chezTomate.

M'sieur Fernand : - Je m'attendais àquelque chose de plus important... Mais c'est un clapier !

Pascal :-  D'aprèsTomate... ce qui passionne le joueur, c'est le tapis vert... Ce qu'y'a autour, ils'en fout... il voit même pas... Planque-toi !... (Une caisse approchelentement... Rafale de mitraillette... Pascal dessoude le driver... Tonneau de lacharrette...) À l'affût sous les arbres, ils auraient eu leur chance...Seulement de nos jours, il y a de moins en moins de techniciens pour le combatà pied... L'esprit fantassin n'existe plus... C'est un tort...

M'sieur Fernand : - Et ça viendraitd'qui, d'après toi ? Des Volfoni ?...

Pascal : - Ce s'rait assez dans leurs salesmanières... M'sieur Fernand... Je serai d'avis qu'on aborde mollo... Des foisqu'on soit encore attendu... Mais... sans vous commander... si vous restiez un peuen retrait... Hein ?

M'sieur Fernand : - Ouais... N'empêchequ'à la retraite de Russie, c'est les mecs qu'étaient à la traînequ'ont été repassés !...

(Ils partent vers le clandé... Tomate délourde...)

Tomate : - C'est toi qui fait tout c'foin ?

Pascal : - Je m'excuse... M'sieur Fernand,le nouveau taulier.

Tomate : - J'étais pas au courant !

Pascal : - Comme ça, tu l'es...

Tomate : - Je suis Tomate, le gérantd'la partie.

M'sieur Fernand : - Bonjour.

Tomate : - Enchanté... Mais qu'est-ceque c'était qu'cette fusillade ?... On ne se s'rait pas permis d'vousflinguer sur l'domaine !?...

M'sieur Fernand : - Éh ben, on s'estpermis !...

Pascal : - Tomate.

Tomate : - Oui ?

Pascal : - Tu devrais envoyer Freddy faireun tour... Y'a une charrette dans le parc, avec deux gars dedans... Ça faitdésordre... Où sont les autres ?

Tomate : - Quels autres ?

Pascal : - Les mecs qui faisaient du scandale.

Tomate : - Du scandale ici ?... Maisj'aimerai comprendre...

Pascal : - Moi aussi !

M'sieur Fernand : - Comment ? Mais c'estpas vous qui avez téléphoné ?

Tomate : - La nuit a été toutc'qu'y'a d'normale...

Pascal : - Qu'est-ce que c'est qu'cette embrouille ?

M'sieur Fernand : - Le numéro d'Henri ?

Pascal : - Balzac quarante-quatre zérocinq...

Back to the bowling


M'sieur Fernand : - (Gamberge en matantle cadavre d'Henri...) Maintenant, Henri, y peut plus expliquer les choses...à personne... Trois morts subites en moins d'une demi-heure... Ah, çapart sévère, les droits d'succession !...

Débarquant à la crêche du Mexicain


Pascal : - Le Mexicain l'avait achetéeen viager... à un procureur à la retraite... Après trois mois...l'accident bête... Une affaire... Hé...

Jean : - Welcome, Sir ! My name is John !

M'sieur Fernand : - (Cloué...)???

Jean : - (En s'écartant...)Please...

(Dans la cambuse...)

Pascal : - Il est mort, y'a deux heures....On aurait pu être là plus tôt, mais on a été retardé...Des espèces de contestation... Et puis... Henri s'est fait descendre...

Maître Follasse : - Les Volfoni ?..." Quand le lion est mort... les chacals se disputent l'Empire. "...Enfin... On n'peut pas demander plus aux Volfoni qu'aux fils de Charlemagne... Ah...Maître Follasse, notaire...

M'sieur Fernand : - Bonjour Monsieur...

Maître Follasse : - Heureux d'vousaccueillir... J'aurais préférer, bien sûr, qu'ce soit dans d'autrescirconstances... Votre chambre est prête... Le Mexicain avait donnédes ordres...

M'sieur Fernand : - Et bien, vous êtesgentil, j'vous remercie, mais... ce qui m'arrangerait surtout, c'est si on pouvaitrégler nos affaires dans la journée, quoi...

Maître Follasse : - Vous étiezl'ami de Louis... depuis longtemps ?...

M'sieur Fernand : - Depuis toujours...

Jean : - Mademoiselle va avoir du chagrin.

Maître Follasse : - Ah, non !...Stop !... Sujet interdit... Attention, Messieurs, pas d'fausse note !...La volonté du défunt est formelle... Pour Patricia, le plus longtempspossible, son papa se porte comme un charme... et il joue les centaures quelque partdans les sierras mexicaines... mal desservies par la Poste, ce qui explique son silence...

Pascal : - Bon, je dois partir... MaîtreFollasse sait toujours où me joindre... J'habite chez ma mère...

M'sieur Fernand : - Et merci...

Maître Follasse : - Je suis bien contentque vous soyez là, vous savez... Parce que moi, avec la P'tite... j'y arriveplus... C'est peut-être parce que j'la connais depuis trop longtemps... Pensez,c'est moi qui l'ai tenue sur les fonds baptismaux, alors...

Jean : - Une belle cérémonie !...Mademoiselle était déjà ravissante...

Maître Follasse : - Dites-moi, monami... Si vous montiez les bagages de Monsieur Naudin ?

Jean : - Yes, Sir !...

M'sieur Fernand : - Dites-moi, si çavous fait rien, j'aimerais bien qu'on aborde un p'tit peu les choses sérieuses...Parce que... les caprices d'une gamine, c'est bien beau, mais on va quand mêmepas s'en faire pour ça, non !?... On est bien d'accord ?...

Maître Follasse : - Ah, mais, moi,je n'm'en fais pas... Je n'm'en fais plus... Hé... Maintenant qu'vous êteslà, c'est vous qu'ça regarde...

M'sieur Fernand : - Comment ça, moi ?

Maître Follasse : - Éh ben,vous avez accepté de vous occuper d'elle, non ?

M'sieur Fernand : - Ben, oui.

Maître Follasse : - À la bonnevotre, mon cher... Vous allez connaître... tout c'que j'ai connu... Les visitesaux directrices... Les mots d'excuses... Les billets d'renvoi...

M'sieur Fernand : - Vous allez quand mêmepas dire que Mademoiselle Patricia s'est faite éjecter, non !?

Maître Follasse : - Aaah, de partout,mon cher !... Mademoiselle n'a jamais tenu plus d'six mois !... Juste letemps... d'user les patiences... Oui, vraiment, je suis content qu'vous soyez là...

M'sieur Fernand : - Oui, mais pas pour longtemps.Parce que ça va changer et vite, hein, c'est moi qui vous l'dit !...La boîte que j'vais lui trouver, va falloir qu'elle y reste, croyez moi !...Ou sinon, je vais la filer chez les dresseurs, les vrais... La pension au bagne avecle réveil au clairon et tout le toutim ! Non, mais, sans blague !?

Maître Follasse : - Et bien... Fautle lui dire à elle.

M'sieur Fernand : - Ah, mais j'vais leluidire et puis tout de suite !... Où est-elle !?

Maître Follasse : - Elle dort... Ellea organisé une petite sauterie qui nous a entraîné jusqu'àtrois heures du matin...

Jean : - Your room is ready, Sir !

Maître Follasse : - Y veut dire quevotre chambre est prête.

M'sieur Fernand : - Ah, bon ?... Ditesdonc, il picole pas un peu votre british ?...

Maître Follasse : - Oh-la-la !...Et puis, il est pas plus british que vous et moi... C'est une découverte duMexicain...

M'sieur Fernand : - Ah, bon ?... Maisil l'a trouvé où ?

Maître Follasse : - Ici... Il l'a mêmetrouvé devant son coffre-fort... Y'a dix-sept ans de ça... Avant d'échouerdevant l'argenterie, l'ami Jean avait fracturé la commode Louis XV... Le Mexicainlui est tombé dessus juste au moment où l'artiste allait attaquer lesblindages au chalumeau...

M'sieur Fernand : - Éh ben, je voisd'ici la p'tite scène...

Maître Follasse : - Vu ses principes,le Patron pouvait pas l'donner à la Police... Ni accepter de réglerlui-même les dégâts... Résultat, Jean est restéici trois mois au paire comme larbin... pour régler la p'tite note... Et puis,la vocation lui est venue... Le style aussi... Peut-être également lasagesse... Dans le fond... nourri, logé, blanchi, deux costumes par an...pour un type qui passait la moitié d'sa vie en prison...

M'sieur Fernand : - Il a choisi la liberté,quoi !...

(Dans la salle de bains...)

Patricia : - Oh, c'est drôle !...Je vous voyais plus grand, plus bronzé... mais c'est pas grave... Vous êtesbien l'Oncle Fernand ?...

M'sieur Fernand : - Ben... Oui.

Patricia : - On pourrait p't-êt' s'embrasser ?...Ça s'fait...

M'sieur Fernand : - Ah, bon. Ben, alors...si ça s'fait... ben... allons-y !... Dites donc, heureusement que j'viensd'me raser, hein ?

Patricia : - Papa m'avait annoncévotre arrivée...

M'sieur Fernand : - Quand ça ?

Patricia : - Dans sa dernière lettre...Il y a bien un mois... Ça vous étonne ?

M'sieur Fernand : - Euuuuuh... Non... Oh,non...

Patricia : - Y'avait trois pages, rien quesur vous... Vos aventures, vos projets... sans compter tout c'que vous avez faitpour lui...

M'sieur Fernand : - Dis-moi, tu sais, euh,j'aimerai bien avoir un p'tit peu d'thé... et du pain, du beurre... et p't-êt'des œufs au bacon, aussi... Tu voudrais pas t'occuper d'ça en bas ?

Patricia : - Du thé à septheures du soir ?

M'sieur Fernand : - Hé... C'est-à-direqu'en c'moment, ch'uis un tantinet décalé dans mes horaires, oui...

Patricia : - Ah, bon ?... Oooh !...Au fait... Ça a du être quelque chose, la fois où vous l'avezsorti du fleuve ?

M'sieur Fernand : - Qui ça ?

Patricia : - Ben, Papa.... Il m'annonçait,dans sa lettre, " Fernand m'a sorti d'un drôle de bain "...Ce qu'il a oublié d'me dire, c'est quel fleuve c'était ?...

M'sieur Fernand : - Écoute, euh, soisgentille... Moi, je meurs de faim... Hm... Alors, va t'occuper d'mon p'tit en-cas,tu veux ?...

Patricia : - Vous ne voulez pas m'répondre ?

M'sieur Fernand : - Mais c'est pas que j'veux pas, mais... comment tu veux que j'm'en rappelle, moi, hein !? Là-bas,des fleuves, t'as qu'ça ! À droite, à gauche, devant, derrière,partout !... Et bourrés d'crocodiles, en plus !... Voilà.T'es contente, maintenant ? Bon. Alors, maintenant, va, et laisse moi finir ma toilette, puis on parlera après, hein ?... Parce que tu t'en doutes,Patricia, faut quand même qu'on parle...

Patricia : - Oui, mon Oncle.

M'sieur Fernand : - Qu'on parle de chosessérieuses...

Patricia : - Oui,Tonton... Ça ne vous ennuie pas qu'je vous appelle Tonton ?... Vous enavez tué beaucoup ?... Des crocodiles... Et là-bas, y'a qu'ça...Devant, derrière, à gauche, à droite, partout !... Bon,et bien, je vais m'occuper de votre thé...

(Dans la canfouine...)

Maître Follasse : - Puisque la fermetéa l'air de vous réussir... je vais vous donner l'occasion de vous distinguer.

M'sieur Fernand : - Et à propos d'quoi ?

Maître Follasse : - D'argent !...D'argent qui ne rentre pas... Depuis deux mois, les Volfoni n'ont pas verséles redevances de la péniche... Tomate a plus d'un mois d'retard... et Théo,etc...

M'sieur Fernand : - Mais qu'est-ce que c'est ?Une révolte ?

Maître Follasse : - Non, Sire... unerévolution... Personne ne paie plus rien !

M'sieur Fernand : - Mais, enfin, ces mecsauraient quand même pas la prétention d'engourdir le pognon d'ma nièce,non !?

Maître Follasse : - On dirait.

M'sieur Fernand : - Et le Mexicain étaitau courant ?

Maître Follasse : - Ah, non, non...Surtout pas ! C'était un homme à tirer au hasard, sans discernement.Alors, les ragots dans la presse, si c'était tombé sous les yeux dela P'tite... vous voyez ça d'ici !

M'sieur Fernand : - Oui, c'que j'vois surtout,c'est qu'si on doit arriver à flinguer, vous préférez qu'cesoit moi qui m'en charge, hein, c'est ça ?

Maître Follasse : - Un tuteur, c'estpas pareil.

M'sieur Fernand : - Ça se guillotineaussi bien qu'un papa !...

Maître Follasse : - Mais qui vous demanded'intervenir personnellement ?... Nous avons Pascal... Je l'convoque, ou pas ?

M'sieur Fernand : - Si j'devais pas êtreà la Foire d'Avignon dans quarante-huit heures, j'dirais non... Mais ch'uispris par le temps... Et puis, j'reconnais qu'c'est jamais bon d'laisser dormir lescréances... Et surtout d'permettre au p'tit personnel de rêver...

(Dans le salon...)

Antoine de la Foy : - Vous parlez de rêver ?...Rêvez-vous en couleur ?... Antoine de la Foy, le plus respectueux, leplus ancien, le plus fidèle ami de Patricia... Je vous connais, Monsieur,et je vous admire... Patricia vous évoque, vous cite, vous vante en touteoccasion. Vous êtes le gaucho, le centaure des pampas, l'oncle légendaire...Et...

M'sieur Fernand : - Et moi, elle m'a jamaisparlé d'vous...

Antoine de la Foy : - Ah... Elle n'a paseu l'temps. Ça n'fait rien, je ferai donc mon panégyrique moi-même.C'est parfois assez édifiant, et souvent assez drôle, car il m'arrivede m'attribuer des mots qui sont en général d'Alphonse Allais et desaventures puisées dans la vie des z'hommes z'illustres...

M'sieur Fernand : - Il est toujours commeça ?

Patricia : - Absolument pas !... C'estson côté agaçant... Il faut qu'il parle... En vérité,c'est un timide... Je suis sûre que vous serez séduit... quand vousl'connaîtrez mieux.

M'sieur Fernand : - Parce qu'en plus, Monsieurséduit...

Antoine de la Foy : - Je ne séduispas, j'envoûte... Never mind, John, I'll do it (Rapport au whisky...)

Jean : - Thank you, Sir !

Antoine de la Foy : - Pour en revenir àvos rêves en couleur, savez-vous que Borowski les attribue au phosphore quiest contenu dans le poisson ?... Moi, je préfère m'en tenir àFreud, c'est plus rigolo... Qu'est-ce que vous en pensez ?

M'sieur Fernand : - Rien... Je ne rêvepas en couleur, je ne rêve pas en noir, je ne rêve pas du tout !Je n'ai pas le temps.

Antoine de la Foy : - (Rapport au whisky...)Je vous déconseille l'eau, ce s'rait un crime... Il a dix ans d'âge...

Patricia : - Tonton est débordépar ses affaires.

Antoine de la Foy : - Vous viendrez bienavec nous, demain soir ?

M'sieur Fernand : - Et où ça ?

Antoine de la Foy : - Il demande oùça ! Mon Dieu qu'il est drôle... Franky Meales jouera pour la premièrefois à Pleyel. Corelli, Beethov', Chopin, tout ça, c'est dépassé...C'est très con... Mais avec Meales, ça peut devenir féroce !Tigresque !... Bref, tout l'monde y sera...

M'sieur Fernand : - D'accord, d'accord...Je sais qu'c'est la coutume d'emmener l'oncle de province au Cirque, je vous remercied'ailleurs d'y avoir pensé... Mais vous irez sans moi... Moi, demain, àsept heures, je n'serais pas loin d'Montauban... Quant à mademoiselle Patricia,elle sera à ses études. Nous sommes bien d'accord, Patricia ?

Patricia : - Oui, Tonton.

(Vu que Follasse s'agite, M'sieur Fernand le rejointdans le vestibule...)

Antoine de la Foy : - (En apartéà Patricia...) Ch'crois qu't'as raison, faut pas l'brusquer.

M'sieur Fernand : - Qu'est-c'qui s'passeencore !?

Maître Follasse : - Notre ami va s'faireun plaisir de vous l'expliquer...

Pascal : - Les Volfoni ont organisé,à la péniche, une petite réunion des cadres... façonmeeting... si vous voyez c'que j'veux dire... Enfin quoi, on parle dans votre dos.

M'sieur Fernand : - Et tu tiens çad'où ?

Pascal : - Ch'peux pas le dire... J'ai promis...Ce s'rait mal...

M'sieur Fernand : - Alors ?

Maître Follasse : - Et bien... Euh,y'a deux solutions... Ou on se dérange... ou on méprise... Oui, évidemment...N'importe comment, une tournée d'inspection ne peut jamais nuire, bien sûr...

M'sieur Fernand : - Éh ben, on vay aller. Hm !?...

Pascal : - M'sieur Fernand ?... Y'apeut-être une place pour moi, dans votre auto... Des fois qu'la réuniondevienne houleuse... J'ai une présence tranquillisante...

(M'sieur Fernand regagne la salon...)

Patricia : - Vous préférezle foie gras pour commencer ou pour finir ?

M'sieur Fernand : - C'est-à-dire...je préférerai demain... Euh, ch'uis obligé d'sortir. Un Conseild'Administration...

Antoine de la Foy : - Quoi !?! Vousn'allez pas dîner avec nous ? Moi qui v'nais de dire à Jean demonter du Champagne ?

M'sieur Fernand : - Votre invitation me bouleverse...Bon appétit quand même...

Antoine de la Foy : - (Après réflexion...)C'est du bidon !

Patricia : - Sûrement pas... Il vientde Strasbourg, on le paie un prix fou...

Antoine de la Foy : - Non, je parle du Conseild'Administration de ton oncle... Si tu veux mon avis, l'Oncle des pampas va courirla gueuze...

Patricia : - Tu crois !?

Meeting dans la péniche


Raoul Volfoni : - Voilà quinze ansqu'on fait l'trottoir pour le Mexicain !... J'ai pas l'intention d'continuerà tapiner pour son fantôme !...

Madame Mado : - Le trottoir, le tapin...C'est drôle, ça ?... On croirait qu'tu cherches les mots qui blessent ?

Paul Volfoni : - C'est des images.

Madame Mado : - Les images, ça m'amusaitquand j'étais p'tite ! J'ai passé l'âge !.. J'dis pasque Louis était toujours très social, non... Il avait l'esprit de droite...

Raoul Volfoni : - Oh, dis ?! Éh !...

Madame Mado : - Quand tu parlais augmentationou vacances, il sortait son flingue avant qu't'aies fini !... Mais, il nousa tout de même apporté à tous la sécurité...

Raoul Volfoni : - Ramasser les miettes, vousappelez ça la sécurité, vous !?... Vous savez combien ynous a coûté, l'Mexicain, en quinze ans ?... Vous savez combienqu'y nous a coûté !!?!... Oh, dis-leur, Paul, moi, ch'peux p'us...

Paul Volfoni : - À cinq-cents sacspar mois, rien qu'de loyer, ça fait six briques par an !... Quatre-vingtdix briques en quinze ans !

Raoul Volfoni : - Plus trente briques demoyenne par an sur le flambe... Vous savez à combien on arrive !?!...Un demi-milliard !!!... Et toi, pareil pour la p'tite ferme... Ben, dis qu'c'estpas vrai !!!

Tomate : - J'ai rien dit.

Raoul Volfoni : - Ben, moi, j'dis que j'lâcheraiplus une thune !... Et j'vous invite à tous en faire autant...

Théo : - Fous z'invitez, fous z'invitez...Z'est très z'aimable, mais il y a des z'invitazions...

Raoul Volfoni : - Qu'est-ce qui t'gène,toi !?

Théo : - Lé klimat !...Trois morts dépouis hier... Zi za doit tomber comme à Chtalingrat'(Stalingrad)... Une fois, za zuffit... Ch'aime autant garter mes distandzes...

Raoul Volfoni : - Dis donc, t'essaieraispas d'me faire porter l'chapeau, des fois !?... Faut l'dire tout de suite, hein !...Parce qu'y faut dire " Monsieur Raoul, vous avez buté Henri ! "..." Vous avez buté les deux autres mecs ! "... " Vousavez p't-êt' aussi buté l'Mexicain ! "... pis aussi l'Archiducd'Autriche !!!...

Pascal, M'sieur Fernand et Maître Follasse grimpentsur la péniche


Pascal : - Hé ! Léon !C'est moi ! Pascal !

Léon : - J'arrive... Qui est avectoi ?

Pascal : - Je suis avec le notaire...

Léon : - (Agrippant une énormeclef à mollette...) Tu m'dis qu'vous êtes deux, vous êtestrois !...

Pascal : - J'annonce les employés,pas l'Patron...

Léon : - Possible, mais j'attendsun ordre de M'sieur Raoul.

(Bourrepif... Léon ripe à la flotte...)

Maître Follasse : - C'est curieux,chez les marins, ce besoin de faire des phrases...

Pascal : - Allons.

Dans la péniche


Raoul Volfoni : - Si vous marchez tous avecmoi, qu'est-ce qu'y fera, votre Fernand ? Un procès !?

(Toc-toc-toc... Bourrepif... Freddy se ramasse contrele mur...)

Maître Follasse : - Bonsoir Messieurs...Madame...

Raoul Volfoni : - Mais j'croyais pas t'avoir invité...

M'sieur Fernand : - Mais t'avais pas àl'faire... Ch'uis chez moi... Qu'est-ce que t'organises ?... Un concile ?...Tu permets ?...

Raoul Volfoni : - J'les avais réunispour décider c'qu'on faisait pour le Mexicain... Rapport aux obsèques...

M'sieur Fernand : - Si c'est des obsèques du Mexicain dont tu veux parler... c'est moi qu'ça regarde... Maintenant,si c'est celles d'Henri... Tu pourrais p't-êt' les prendre à ta charge...

Raoul Volfoni : - Ah, non ! Çava pas recommencer ! J'vais pas encore endosser l'massacre !

M'sieur Fernand : - On reparlera d'ça un peu plus tard. Pour l'instant, on a d'autres petits problèmes à régler, figure-toi !... Priorité aux affaires... Je commence parle commencement... Honneur aux dames... Madame Mado, ch'présume ?

Madame Mado : - Elle-même.

M'sieur Fernand : - Chère Madame,euh... Maître Follasse m'a fait part de quelques... pfff... quelques embarras dans votre gestion, momentanés j'espère... Souhaiteriez-vous nous fournir quelques explications ?

Madame Mado : - Les explications, M'sieur Fernand, y'en a deux !... Récession et manque demain d'œuvre... Ce n'est pas qu'la clientèle boude... c'est qu'elle a l'esprit ailleurs... Le furtif, par exemple... a complètement disparu.

M'sieur Fernand : - Le furtif ?

Madame Mado : - Le client qui v'nait en voisin. " Bonjour Mesdemoiselles, au r'voir Madame "... Au lieud'descendre, maintenant, après dîner, il reste devant sa télé...pour voir si, par hasard, il serait pas un peu l'homme du XX eme siècle...Et l'affectueux du dimanche... disparu aussi... Pourquoi ?... Voulez-vous m'le dire ?

M'sieur Fernand : - Encore la télé ?

Madame Mado : - L'auto, M'sieur Fernand !...L'auto !...

M'sieur Fernand : - Ah ?... Mais, dites-moi...Vous parliez de pénurie de main d'œuvre, tout à l'heure-là...

Madame Mado : - Alors-là, M'sieurFernand, c'est un désastre !... Une bonne pensionnaire, ça devientplus rare qu'une femme de ménage... Ces dames s'exportent. Le mirage africainnous fait un tort terrible... Et si ça continue, elles iront à Tombouctou à la nage !...

M'sieur Fernand : - Bien... Je vous remercie,Madame Mado... On recausera de tout ça... Qui est-ce, le mec du jus d'pomme ?

Théo : - Ze doit être démoi dont fous foulez parler...

M'sieur Fernand : - Dis-moi, dans ta branche-là,ça va pas très fort non plus, hein ?... Pourtant du pastis, vraiou faux, on en boit encore ?...

Théo : - Hmm... Moins qu'avant...La cheunesse franzaize boit des z'eaux pétillantes... Et les anziens combattants...des z'eaux dé régime... Pouis zurtout, il y a lé visky (whisky)...

M'sieur Fernand : - Et alors ?

Théo : - Z'est lé drame, za,lé visky...

(À l'écart, Pascal et Bastien dissertent...)

Bastien : - (Avisant le soufflon de Pascal,siffle...) Dis donc ! Je l'connais pas, celui-là... Il est nouveau ?

Pascal : - C'est le p'tit dernier d'chezBeretta... J'te le conseille pour le combat de près... Et puis, pour les coupsà travers la poche... dans le métro... dans l'autobus... Mais... note,hein !? Faut en avoir l'usage !... Sinon, au prix actuel, tu amortis pas.

Bastien : - Hé, le prix s'oublie,la qualité reste. C'est pas l'arme de tout l'monde ! T'as eu çapar qui ?

Pascal : - Par l'Oncle Antonio.

Bastien : - Le frère de Berthe ?

Pascal : - Oui.

(Retour en salle de conférence...)

Théo : - Tout za pour fous faire komprendre,Monzieur Fernand, qué lé pastis perd dé l'adhérent chaquechour... Lé klient dévient dur à zuivre...

M'sieur Fernand : - Oh, tu sais, c'est unp'tit peu dans tous les domaines pareil, hein... Moi, si ch'te parlais motoculture...Mouais, enfin...

Madame Mado : - (En servant du caoua...)J'espère qu'il est encore chaud.

M'sieur Fernand : - Merci.

M'sieur Fernand : - Bien !... Et maintenant,à nous !... Dans votre secteur, pas d'problème, le jeu a jamaisaussi bien marché !...

Raoul Volfoni : - Que tu dis !

M'sieur Fernand : - C'qui vous chagrine,c'est la comptabilité... Vous êtes des hommes d'action, je vous ai compris...Et j'vous ai arrangé vot'coup...

Raoul Volfoni : - T'arranges, t'arranges...Et si on était pas d'accord ?

M'sieur Fernand : - Tu va voir que c'estpas possible... J'ai adopté le système le plus simple... Et, regarde...On prend les chiffres de l'année dernière... et on les reporte.

Raoul Volfoni : - (À son franginqui s'amuse avec la roulette...) Arrête, toi !...

Tomate : - L'année dernière,on a battu des records !...

M'sieur Fernand : - Éh ben, mais vousles égalerez cette année !... Vous avez l'air en pleine forme,là ?... Gais, entreprenants, dynamiques...

Raoul Volfoni : - Et en plus, y nous charrie,c'est complet !

M'sieur Fernand : - Pascal !

Pascal : - Oui, M'sieur Fernand ?

M'sieur Fernand : - Tu passeras àl'encaissement chez ces Messieurs sous huitaine.

Raoul Volfoni : - C'est ça !...Pis si on paie pas, tu nous butes ?

Pascal : - Hé, Monsieur Raoul...

M'sieur Fernand : - Bien !... Messieurs...Il ne me reste plus qu'à vous remercier de votre attention.

Raoul Volfoni : - Bastien, accompagne cesmessieurs...

(Pascal, M'sieur Fernand et Maître Follassedécampent...)

Madame Mado : - Toi, Raoul Volfoni, on peutdire que tu en es un ?

Raoul Volfoni : - Un quoi !?

Madame Mado : - Un vrai chef.

Raoul Volfoni : - Mais y connaît pasRaoul, ce mec !... Y va avoir un réveil pénible... J'ai vouluêtre diplomate à cause de vous tous... éviter qu'le sang coule...mais maintenant, c'est fini !... J'vais l'travailler en férocité !...L'faire marcher à coups d'lattes !... À ma pogne, je veux l'voir !...Et j'vous promets qu'y demandera pardon !... Et au garde à vous !

(Toc-toc-toc... Bourrepif... Raoul se ramasse contrele mur...)

M'sieur Fernand : - J'avais oublié...Les dix pour cent d'amende... Pour les retards...

Raoul Volfoni : - (Après le départde Fernard...) Il a osé m'frapper... Y s'rend pas compte...

Retour chez le Mexicain


Maître Follasse : - Cette petite fêtem'a rajeuni d'vingt ans... Monsieur Naudin a quelque peu bousculé MonsieurVolfoni sénior...

Jean : - Mes compliments, Monsieur.

M'sieur Fernand : - Qu'est-ce que c'est encoreque ça ?

(M'sieur Fernand passe au salon, guidé parla musique... Il découvre Patricia et Antoine vautrés dans le sofa...)

Antoine de la Foy : - Oh, non ! Au momentoù la petite flûte allait répondre au cor ! Vous êtesodieux !

Patricia : - C'est vrai, Tonton. Ces choses-làse font pas.

M'sieur Fernand : - Patricia, toi, je t'enprie, hein !?

Patricia : - Qu'est-ce qui vous arrive, monOncle ?... Vous avez été contrarié dans vos affaires ?...

M'sieur Fernand : - Oh, à peine...Si ça n'vous fait rien, Monsieur de la Foy, j'aimerais bien avoir une petiteexplication... mais remettez d'abord vos chaussures, vous êtes ridicule.

Antoine de la Foy : - Qu'est-ce que vousvoulez que j'vous explique, cher Monsieur ?

M'sieur Fernand : - Tout ça... Lumièretamisée, musique douce... et vos godasses sur les fauteuils... Louis XVI enplus !

Antoine de la Foy : - La confusion peut encores'expliquer, mais les termes sont inadéquats.

M'sieur Fernand : - Ah, parce que c'est p't-êt'pas du Louis XVI !?

Antoine de la Foy : - Euh, non, c'est duLouis XV... Remarquez, vous n'êtes pas tombé loin... Mais surtout, lessonates de Corelli ne sont pas de la musique douce...

M'sieur Fernand : - Oui, ben, pour moi, ç'enest... Et je suis chez moi !

Antoine de la Foy : - Ah, j'aime ça...La thèse est osée... Mais comme toutes le thèses, parfaitementdéfendable... Nous allons donc, si vous l'voulez bien, discuter de la musiquepar rapport au local... de l'élixir et du flacon... du contenu et du contenant...

M'sieur Fernand : - Patricia, mon petit...Je voudrais pas te paraître vieux jeu, ni encore moins grossier... l'hommede la Pampa, parfois rude, reste toujours courtois... Mais la véritém'oblige à te l'dire... Ton Antoine commence à me les briser menues !...

Antoine de la Foy : - Si nous parlions demoi pendant que vous dînerez ?

M'sieur Fernand : - C'est pourquoi tu vasmonter dans ta chambre...

Patricia : - Bonne nuit, Antoine !

M'sieur Fernand : - Et quant à vous,brillant jeune homme...

Antoine de la Foy : - Ne vous donnez pasla peine, je connais le chemin...

M'sieur Fernand : - Oui, ben, justement,faudrait voir à l'oublier, hein !...

Antoine de la Foy : - C'est pas du tout gentil,Oncle Fernand.

M'sieur Fernand : - Monsieur Fernand, s'ilvous plaît !... Allez, hop !...

Antoine de la Foy : - Soit. Les manièresy gagneront ce que l'affection y perdra.

M'sieur Fernand : - Éh ben, c'estça ! On s'aimera moins !...

Patricia : - Vous m'avez terriblement déçue...Vous n'avez pas été gentil avec Antoine...

M'sieur Fernand : - Oui, ben, j'ai fait c'qu'auraitfait ton père, figure-toi !... Il a jamais pu supporter les voyous !...Là !...

Patricia : - Antoine, un voyou ?...Antoine est un grand compositeur... Il a du génie...

M'sieur Fernand : - Oui. Éh ben, lesgénies n'se baladent pas pieds nus, figure-toi ! Hein !?

Patricia : - (Espiègle, avant des'envoler dans l'escalier...) Et Sagan ?...

(M'sieur Fernand croque un chouille dans la salleà manger en écoutant Corelli... Ça cogne aux carreaux d'la terrasse...Bastien et Pascal s'immiscent...)

Pascal : - Bonsoir.

M'sieur Fernand : - Comment !? Vousêtes loufs, non !? Qu'est-ce que c'est qu'ces façons d'arriveren pleine nuit... et par le jardin !?

Pascal : - On n'voulait pas sonner àcette heure-là !... Réveiller toute la maison... Si la Demoisellese posait des questions... À cet âge-là, on imagine...

Bastien : - Et... et puis, on avait àvous parler...

M'sieur Fernand : - Vous, j'vous ai déjàvu quelque part...

Bastien : - Tout à l'heure, chez lesVolfoni... J'étais de l'autre côté...

M'sieur Fernand : - Bon, ben, asseyez-vous,ch'uis en train d'becqueter...

Pascal : - Alors là, on est vraimentconfus... Voilà... Si on est venu à deux... y'a une raison... Bastien,c'est le fils de la sœur de mon père... comme qui dirait, un cousin direct...Vous saisissez la complication, M'sieur Fernand ?

M'sieur Fernand : - Non... Pas encore.

Bastien : - Ah,forcément ! T'as pas donné à M'sieur Fernand mes références...Première gâchette chez Volfoni !... Cinq ans d'labeur... De nuitcomme de jour... Et sans un accroc !...

Pascal : - Vous la voyez, ce coup-là,l'embrouille ?... Dans le monde des caves, on appelle ça un cas de conscience...Nous, on dit un point d'honneur... Entre vous et les Volfoni, il va faire vilaintemps... En supposant que ça tourne à l'orage... Bastien et moi, onest sûr de se retrouver face à face, flingue en pogne, avec l'honnêtetéqui commande de tirer... Ah, non !... Un truc à décimer une famille...

M'sieur Fernand : - Oui, je vois... Vousvoulez boire un coup ?

Bastien : - Non, non. Merci... Jamais entreles repas.

Pascal : - Moi non plus. Chez nous, c'estla règle. Santé, sobriété.

Bastien : - On en a trop vu qui s'sont gâtéla main aux alcools...

M'sieur Fernand : - Écoutez. Moi,j'peux rien vous reprocher, hein... Les histoires de famille, ça... c'estcomme une croyance, ça force le respect... Bon... Alors, qu'est-ce que vousproposez ?...

Pascal : - Bastien a donné sa démissionà Monsieur Raoul.

M'sieur Fernand : - Et la tienne va suivre ?

Pascal : - Ch'peux pas faire moins, M'sieurFernand... Faut comprendre...

M'sieur Fernand : - Ch'comprends... (Gambergepour sa pomme...) Ouais. Quand la protection de l'enfance coïncide avecla crise du personnel... faut plus comprendre... faut prier...

Le lendemain, dans le séjour


M'sieur Fernand : - " Et si lavieille définition n'avait pas tant servi à propos de Racine et deCorneille, nous dirions que Bossuet a peint Dieu tel qu'il devrait être etque Pascal l'a peint tel qu'il est "... Éh ben, dis donc... Comment !?...Y t'ont donné que seize sur vingt !?... Alors là, permets-moid'te dire qu'y z-y-vont un peu fort, hein !... Parce que moi, là, ch't'auraisdonné un peu plus...

Patricia : - Vous êtes trèsgentil, mon Oncle.

M'sieur Fernand : - Non, Patricia... Monenfant... mercredi dernier, quand je suis arrivé... euh, nous dérivionset le navire faisait eau d'toute part...

Jean : - On d'mande Monsieur au téléphone...Un appel de Montauban... L'interlocuteur me semble, euh... comment dirais-je ?...Un peu rustique... Le genre agricole...

M'sieur Fernand : - Allo, oui ?... Oui,c'est moi... Ça va, ça va... Alors... Hein !?... Oui !...Oui !... Oui, ben, si ch'uis pas rentré vendredi, c'est qu'j'ai pas pu !...Éh ben, je n'sais pas moi !... Huit jours, peut-être quinze !...Éh ben, y'a qu'à faire le nécessaire !!!... M'enfin, c'estquand même formidable, bon Dieu ! À chaque fois que j'm'absente,c'est toujours pareil ! Y faut toujours qu'y'ait des histoires !... Éhben, démerdez-vous !...

Jean : - " Pascal l'a peint telqu'il est "... Éh ben, moi, j'aurais donné à Mademoisellevingt sur vingt... et en côtant vache...

Patricia : - Vous êtes gentil.

Maître Follasse : - Vous savez combienil reste au compte courant ?...

M'sieur Fernand : - Non.

Maître Follasse : - Soixante mille !...Six briques !!!...

M'sieur Fernand : - Mais qu'est-ce que çaveut dire ?... Y'aurait du coulage ?

Maître Follasse : - Du coulage ?Oh, c'est bien plus simple... Y'a que l'argent qui devait rentré sous huitainen'est toujours pas rentré... Y'a que l'éducation de la Princesse, cheval,musique, peinture, etc. atteint un budget Élyséen... Et y'a que vosdépenses somptuaires prennent des allures africaines...

(Driiing...)

Maître Follasse : - Allo, oui ?...Oui... Oui... Il est là.... Une seconde.

M'sieur Fernand : - Qui est-ce ?

Maître Follasse : - Justement... RaoulVolfoni.

M'sieur Fernand : - Allo !... Alors,on a enfin compris !... On casque !...

Raoul Volfoni : - Tu fais de l'obsession !T'es la proie des idées fixes ! Je téléphonais seulementpour t'avertir qu'à la distillerie, y sont en plein baccara... Tu devraist'en occuper... C'est ton rôle, Grand Chef...

M'sieur Fernand : - Mais de quoi tu t'occupes ?

Raoul Volfoni : - Tu vois comme t'es injuste.On cherche à t'obliger, t'es encore pas satisfait...

À la distillerie


Tomate : - Tu crois qu'Raoul s'ra tombédans le piège ?

Théo : - Il aura pas réziztéà la choie d'annonzer une maufaise noufelle à l'autre imbézile.

Tomate : - C'est étonnant que le butorait pas déjà téléphoné.

Théo : - Y'a des z'impulzifs qui téléfonent...y'en a d'autres qui ze déplacent... (Klaxon...) Et foilà !

Tomate : - Et c'est Volfoni qui portera lechapeau...

Théo : - T'es razzuré ?

Tomate : - Ouais.

Théo : - En foilà un qui estpratiquement zorti du bal... Ze n'est plus qu'une affaire dé padzienze...Dans z'un mois, les Folfoni... et les z'affaires du Mexicain, za déviendraThéo, Tomate et Kompanie... Planque-za !... Tes mégots àla pommade roze, un homme dé kro-magnon pourrait trouver za bizarre... (Klaxon...)Foilà, foilà !... On arrife !... Allez... Dans zinq minutes...Fous filez...

M'sieur Fernand : - Alors, ça vient,oui !?

Théo : - Foilà... Ch'arrife...Fous, Monzieur Fernand ?

M'sieur Fernand : - Ben, quoi ?... Çaa l'air de t'épater ?

Théo : - Raoul Folfoni est ridikule !..Che lui afais démandé dé m'enfoyer un chauffeur, pas défous déranger...

M'sieur Fernand : - De toute façon,maintenant, ch'uis là, hein !?... Dis donc. Entre parenthèses,il est pas commode à trouver, ton coin-là... Ça fait une plombeque ch'tourne autour !

Théo : - La Polize tourne autour dépouisdix z'ans, elle a chamais troufé... Z'est pour za... qué che régrettéraizet endroit...

M'sieur Fernand : - Pourquoi tu dis ça ?

Théo : - Par euh... dézenchantement...Fous n'êtes chamais en proie au fague à l'âme, Monzieur Fernand ?...

M'sieur Fernand : - Ma foi. Euh, j'en abusepas, non.

Théo : - Fous n'avez peut-êtrepas les mêmes raizons... Fous z'avez gagné la guerre... Fous !

M'sieur Fernand : - Bon, d'accord... j'aigagné la guerre... mais si j'me suis dérangé c'soir, c'est paspour défiler, hein !... Alors, où est-c'que tu veux en venir ?Qu'est-c'qui s'passe ?

Théo : - Et pien, foilà zequi z'est pazzé... Un charchement tout prêt... Six millions dépastis... Un klient qui attend entre onze heures et minuit à Fontainebleau...Et bien, nous ne livrons pas...

M'sieur Fernand : - Pourquoi ? Qu'est-cequi t'gène ?

Théo : - Notre dernier chauffeur estparti hier pour lé Dzahara... dans lé pétrole... à cauzedes primes de zone et des z'azzuranzes zoziales... Le goût du lukre... L'ezpritnoufeau...

M'sieur Fernand : - Éh, un chauffeur,ça s'remplace, non !?

Théo : - Monzieur Fernand... Le tranzportklandeztin né réclame pas zeulement des kompétenzes... maisdé l'honnêteté... Contrairement aux z'affaires régulières...on paie komptant... en likide... Za peut tenter les z'âmes zimples...

M'sieur Fernand : - Ben, moi, je vois qu'unesolution ! Tu prends le bout de bois et tu livres !

Théo : - Faut poufoir !

M'sieur Fernand : - Comment ça ?

Théo : - La nuit... en plein milieudé la route... un homme armé... en uniforme... qui achite une lanterneet qui crie " Halt ! "... Qu'est-ze que fous faites ?

M'sieur Fernand : - Ben, j'm'arrête,bien sûr ! Ch'passe pas d'ssus !

Théo : - Et bien, z'est pour za quefous afez encore fotre permis !... Moi, pas...

M'sieur Fernand : - Bon.... Les papiers dubahut sont en règle au moins ?

Théo : - Tout est en ordre... MaisMonzieur Fernand, fous prétendez pas... ?

M'sieur Fernand : - Quand y'a six briquesen jeu, ch'prétends n'importe quoi ! J'ai conduit des tracteurs, desbatteuses... et toi qui parlais d'guerre, j'ai même conduit un char Patton !...

Théo : - Z'est pas ma marque préférée...

M'sieur Fernand : - Oui... Bon, ben, disdonc. Moi, j'aimerai bien savoir où j'livre, parce que Fontainebleau, ben,c'est grand !...

Théo : - Fous connaizzez la Pyramide ?

M'sieur Fernand : - Hm...

Théo : - Il y aura une Cadillac noirearrêtée à l'embranchement dé Melun...

Sur la route, en planque


Tomate : - Y devrait être passé...Tu vois pas qu'il soit tombé sur un barrage ? Ce cave !... Ce seraitbeau !

Théo : - Il tient pas la moyenne,z'est tout... Avec les prétendzieux... Z'est touchours pareil... Moi, che !Moi, che !... zur le terrain, plus perzonne...

(Signal lumineux de l'arrivée de M'sieurFernand...)

Tomate : - J'ai l'impression qu'on annonceMonsieur Dugommier.

Théo : - Che krois qu'il fa lérégretter, zon char Patton.

(Le bahut de M'sieur Fernand roule sur des clouset verse dans le fossé... Il est pris sous un déluge d'acier...)

Tomate : - Mais qu'est-ce que t'attends !?Allume-le !... (Théo dévisse et défouraille àtout va, sans pouvoir s'arrêter...) Là ! Ça va !Ça va ! Ça va !...

Dans la péniche des Volfoni, en pleine conversation


Raoul Volfoni :- Petit frère, crois-moi.Le monde moderne va vers la centralisation.

Paul Volfoni : - Et Tomate ? Qu'est-ceque t'en fais ?

Raoul Volfoni : - Ben, s'il faut virer Tomate,on l'virera !... Moi, ch'connais qu'une loi, celle du plus fort...

(Toc-toc-toc... Bourrepif...)

Paul Volfoni : - C'est une manie ! Qu'est-cequi t'prend !?

M'sieur Fernand : - (M'sieur Fernand sesert dans le coffiot grand ouvert et rempli une mallette de carbure...) Vousêtes sur la pente fatale, les gars !... Vous vous endettez... Trois briquesde camion plus six briques de pastis...

Paul Volfoni : - On peut savoir de quoi tucauses ?

M'sieur Fernand : - Une autre fois, hein !?...Ce soir, ch'uis pas d'humeur à bavarder !... Tout m'irrite !

Paul Volfoni : - Bon, bon.

(Raoul récupère à peine...Toc-toc-toc...)

Raoul Volfoni : - (Chuchottant...)T'es toujours de cinquante pour cent dans l'affaire ?

Paul Volfoni : - Ben. Bien sûr.

Raoul Volfoni : - (Chuchottant...)Alors, va ouvrir !

Petite sauterie chez le Mexicain


Un invité : - Convocation, neuf heures !...J'ai l'impression, mon cher, que nous n'sommes pas en avance... Vous z'êtesz'un ami de Pat ou un copain d'Antoine ?... Je m'demande s'il la saute ?...

M'sieur Fernand : - Si qui saute qui ?

Un invité : - Ben... Antoine... Patricia...

(L'outrecuidant prend une dérouilléeet finit en ruine dans sa décapotable...)

M'sieur Fernand : - (En débarquant,estomaqué par la bringue...) Jean !

Jean : - Une seconde, Monsieur.

Antoine de la Foy : - (À la dérobée...)Le cercle de famille s'agrandit...

Une invitée : - Encore un peu, Jean,s'il te plaît...

Jean : - Tu picoles trop, toi... Tu vas êt'ronde...

Une invitée : - Va donc m'en chercherune autre bouteille, s'il te plaît...

Un invité : - Ouais, d'accord...

Jean : - Ben, oui...

Un invité : - Ciao...

M'sieur Fernand : - Jean, où est Patricia ?...Et Maître Follasse ?

Jean : - À la cuisine... Il aide lui !...

Antoine de la Foy : - (Chuchottant àPatricia, planqué...) Écoute, j'ai l'air de m'cacher, c'est trèsdésagréable...

Patricia : - (Surgissante...) OncleFernand ?

M'sieur Fernand : - Ah ! Te voilà,toi !... Et c'est ça qu't'appelles une petite dinette au coin du feu,dis !?... Hein ! Dis !... Alors, tu vas m'expliquer un p'tit peu,maintenant, hein !...

Patricia : - (Reluquant les fringues enloques du Tonton...) D'où viens-tu ?

M'sieur Fernand : - Euh... de chez des amis.

Patricia : - Ah, des anciens paras... Vousavez évoqué l'bon vieux temps... Reptation, close combat... Vous avezjoué au lance flamme ?...

(M'sieur Fernand se sert un whisky...)

Un invité : - Sec ou à l'eau ?

(Il le bouffe tout cru du regard... L'autre nachave...)

M'sieur Fernand : - Chez soi, ça faitplaisir, hein !!!...

Patricia : - Oh, je t'ai demandé lapermission d'inviter des amis, t'étais d'accord... Tu sais qu'ils sont tousd'excellentes familles ?... Celui qui vient de t'offrir du scotch, tu sais quic'est ?... Jacques Letellier, le fils du Contre-Amiral... Écoute. Tutiens toujours à ce que je passe mon bachot ? Alors ?... Sois logique !...Oui, le bachot sans relation, c'est la charrue sans les bœufs... Le tenon sans lamortaise... Une nièce sans son p'tit oncle... Bref, c'est rien... Avoue qu'tun'avais jamais pensé à ça, hein ?...

M'sieur Fernand : - Bon, c'est fini, oui !?

Patricia : - Entre nous, à quoi penses-tu,en général ?

M'sieur Fernand : - À Montauban !...On devrait jamais quitter Montauban !...

(En canfouine...)

Maître Follasse : - Charmante soirée,n'est-ce pas ?... Vous savez combien ça va nous coûter ?...Deux mille francs !... Nouveaux !

M'sieur Fernand : - Y'en a qui gaspillent...et y'en a d'autres qui collectent... (M'sieur Fernand dégage un bout detable et pose le cartable bourré d'oseille...) Qu'est-ce que vous ditesde ça ? Hein !?

Jean : - Faudrait encore des sandwichs àla purée d'anchois ! Ils partent bien, ceux-là !...

M'sieur Fernand : - Les voilà, vosencaissements en retard... et aggravés d'une avance, en plus !... (Pourexpliquer l'état de ses frusques...) Les Volfoni ont essayer d'me flinguer...Oui, Maître !

Maître Follasse : - C'est pourtantpas leur genre...

M'sieur Fernand : - Oui ! Éhben, ça prouve qu'ils ont changé de genre !... Voilà !...

Jean : - (Jeanfouille dans une boîte à biscuits en fer blanc et en ressort un feuqu'il glisse dans son futal...) Quand ça change, ça change...Faut jamais s'laisser démonter...

Maître Follasse : - Vous croyez qu'yz'oseraient venir ici ?

M'sieur Fernand :- Les cons, ça ose tout !... et c'est même à çaqu'on les reconnaît...

À la lourde de la casbah


Paul Volfoni : - T'es sûr qu'tu t'espas gouré d'crèche ?

Raoul Volfoni : - (Enfonçant lasonnette...) J'me goure jamais ! En rien !... (Ils entrent...)

Une invitée : - Scotch ou jus de fruit ?

Raoul Volfoni : - Rien !!!... Si c'estnotre pognon qu'y sont en train d'arroser, les p'tits comiques, ça va saigner !...Dites donc, mon brave...

Jean : - Monsieur ?

Raoul Volfoni : - Il est là, votrepatron ?

Jean : - Qui demandez-vous ?

Paul Volfoni : - Monsieur Fernand Naudin.

Raoul Volfoni : - Monsieur Fernand... Fernandl'emmerdeur ! Fernand l'malhonnête ! C'est comme ça que j'l'appelle,moi !...

Jean : - Si ces Messieurs veulent bien m'suivre...

Raoul Volfoni : - Ah, et comment !...Alors ? Tu viens, dis !?

Jean : - Si vous voulez vous donner la peined'entrer...

(Dans la canfouine...)

Raoul Volfoni : - Bougez pas !!!...Les mains sur la table !... J'vous préviens qu'on a la puissance de feud'un croiseur et des flingues de concours !

Jean : - Si ces messieurs veulent bien meles confier ?

Raoul Volfoni : - Quoi ?

(Patricia fait irruption dans la cuisine...)

Patricia : - Ah, mes enfants ! Noussommes en panne de sandwiches... Tu sais, mon Oncle, si tes amis veulent danser...

(Patricia s'évapore...)

Jean : - Allons vite, Messieurs... Quelqu'unpourrait venir, on pourrait se méprendre et on jaserait... Nous venons déjàd'frôler l'incident...

M'sieur Fernand : - Tu sais c'que j'devraisfaire, hm ?... Rien que pour le principe !...

Raoul Volfoni : - Tu trouves pas que c'estun peu rapproché ?

Paul Volfoni : - J'tedisais qu'cette démarche ne s'imposait pas... Au fond, maintenant, les diplomatesprendraient plutôt l'pas sur les hommes d'action... L'époque serait...aux tables rondes et à la détente... Hein ?... Qu'est-ce que t'enpenses ?...

M'sieur Fernand : - J'dis pas non.

Raoul Volfoni : - Mais, dis donc, on estquand même pas venu pour beurrer des sandwiches !?

Paul Volfoni : - Pourquoi pas ?... Aucontraire... Les tâches ménagères ne sont pas sans noblesse...Surtout lorsqu'elles constituent le premier pas vers des négociations fructueuses,hein ?... Merci...

(Raoul Volfoni propose des cachous, obnubilépar le flouze sur la table...)

M'sieur Fernand : - Maître Follasse...Vous avez oublié d'planquer les motifs de fâcherie...

Paul Volfoni : - Oh ! M'sieur Fernand.

M'sieur Fernand : - Je connais la vie, MonsieurPaul... Mais pour en revenir au travail manuel-là, ce que vous disiez estfinement observé.... Et puis... ça reste une base...

Raoul Volfoni : - Ça, c'est bien vrai,hein... Si on rigolait plus souvent, on aurait moins souvent la tête au bêtises,hein... Ouais...

(Une invitée farcie débarque en cuisine...)

Une invitée : - Jean !!!... Maisoù il est, Jean !!!

M'sieur Fernand : - Qu'est-ce que vous luivoulez ?

Une invitée : - Y'a p'us d'glace ety'a p'us d'scotch !!!

M'sieur Fernand : - Bon, Maître Follasse,donnez-lui des jus de fruit... Allez...

Une invitée : - Pas d'jus de fruit !Du scotch !... Vos jus d'fruit, vous pouvez vous les... !

Maître Follasse : - Allons, Mademoiselle !!!...L'Oncle de Patricia vous dit qu'y'a plus de scotch, un point, c'est tout...

Une invitée : - Ben, y'a qu'àen acheter... (Reluquant la fraîche...) avec ça...

Maître Follasse :- Touche pas au grisby, salope !!!...

(Fustigée par la tablée, elle décampe,terrorisée...)

Paul Volfoni : - D'l'alcool à c't'âge-là !

M'sieur Fernand : - Ah, non, mais c'est unscandale, hein !?

Raoul Volfoni : - Ben, nous, par contre,on est des adultes... On pourrait p't-êt' s'en faire un p'tit ? Hein ?

M'sieur Fernand : - Ça... Le faitest... Maître Follasse ?

Maître Follasse : - Seulement le toutvenant a été piraté par les mômes... Qu'est-ce qu'on fait ?On s'risque sur le... le bizarre ?... Hé... Ça va rajeunir personne...

Raoul Volfoni : - Ben, nous voilàsauvés...

Maître Folasse : - Sauvés...Faut voir !...

Jean : - Tiens ?... Vous avez sortil'vitriol ?

Paul Volfoni : - Pourquoi vous dites ça ?

Maître Folasse : - Hé !

Paul Volfoni : - Il a pourtant un air honnête.

M'sieur Fernand : - Éh, sans êtrefranchement malhonnête... au premier abord, comme ça... il a l'air assezcurieux...

Maître Follasse : - Il date du Mexicain,du temps des grandes heures... Seulement on a du arrêter la fabrication, y'ades clients qui devenaient aveugles... Alors, ça faisait des histoires...

Raoul Volfoni : - Allez... (Ils tchinnent...Suspicieux, ils n'osent pas goûter... Raoul se lance... Il accuse le coup...La voix brumeuse...) Ah, faut reconnaître... c'est du brutal !

Paul Volfoni : - (Trempant les lèvres...)Vous avez raison... il est curieux, hein ?

M'sieur Fernand : - (Sûr de lui...)J'ai connu une polonaise qu'en prenait au p'tit déjeuner... (Avale unebonne rasade... La voix fracassée...) Faut quand même admettre quec'est plutôt une boisson d'homme... Heu-heu !!!...

(Jean ressert illico... Paul Volfoni chiale...)

Raoul Volfoni : - Tu sais pas c'qu'y m'rappelle ?...C't'espèce de drôlerie qu'on buvait dans une petite taule de BiênHoa... pas tellement loin d'Saïgon... " Les volets rouges "...Et la taulière... une blonde commak... Comment qu'elles'appelait, nom de Dieu !?

M'sieur Fernand : - ... Lulu-la-Nantaise !

Raoul Volfoni : - T'as connu ?

Paul Volfoni : - J'y trouve un goûtd'pomme...

Maître Follasse : - Y'en a.

Raoul Volfoni : - Éh ben, c'est devantchez elle que Lucien-le-Cheval s'est fait dessoudé...

M'sieur Fernand : - Et par qui !?...Hein !?

Raoul Volfoni : - Ben, v'là que j'aip'us ma tête...

M'sieur Fernand : - Par Teddy-de-Montréal...un fondu qui travaillait qu'à la dynamite.

Raoul Volfoni : - Toute une époque...

(À l'écart, dans la salle àmanger...)

Patricia : - Tu boudes ?

Antoine de la Foy : - Bouder, moi ?Tu plaisantes... N'empêche que j'commence à en avoir assez, moi, desamours clandestines... S'embrasser par téléphone... même deuxfois par jour... c'est bien mignon, mais... mais ch'uis un homme, moi, tu comprends ?...Tout ça à cause de ton oncle... Non, écoute, c'est vraimenttrop bête. On dirait vraiment que vous avez tous peur de lui... Mais j'vaisaller lui parler, moi.

Patricia : - Tu vas lui parler de quoi ?

Antoine de la Foy : - Je vais lui parlerde notre mariage... de toi... de moi... de nous...

Patricia : - Répète un peuc'que tu viens de dire !

Antoine de la Foy : - De toi... de moi...

Patricia : - Non, non... Juste le premiermot... c'était l'meilleur...

(En canfouine...)

Maître Follasse : - D'accord... d'accord...Je dis pas qu'à la fin d'sa vie, Jo-le-Trembleur, il avaitpas un peu baissé... Mais n'empêche que pendant les Années Terribles,sous l'Occup', hé... y butait à tout va !... Il a quand mêmedécimé toute une division d'panzers !... Ha !...

Raoul Volfoni : - Il était dans leschars ?

Maître Follasse : - Non ! Dansla limonade !... Sois à c'qu'on t'dit !!!...

Raoul Volfoni : - (Pleurnichant...)Mais j'ai p'us ma tête...

Maître Follasse : - Il avait son secret,le Loup...

Raoul Volfoni : - (Bondissant...)C'est où !?!

Jean : - À droite, au fond du couloir...

Maître Follasse : - Et !... Et !...Et !... Et !... Cinquante kilos d'patates, un sac de sciure de bois...y te sortait vingt-cinq litres de trois étoiles à l'alambic !...Un vrai magicien, le Jo... Et c'est pour ça que je me permets d'intimer l'ordreà certains salisseurs de mémoire... qu'y f'raient mieux de fermer leurclaque merde !... Ah !

Paul Volfoni : - Vous avez beau dire... Y'apas seulement que d'la pomme... Y'a aut'chose... Ça serait pas, des fois,de la betterave ?... Hein !?

M'sieur Fernand : - Si... Y'en a aussi...

(Dans la salle à manger...)

Raoul Volfoni : - On vous apprend quoi, àl'école, mon p'tit chat ?... Les jolies filles en savent toujours trop...Vous savez comment j'eul'vois, votre avenir ?... Vous voulez l'savoir !?!!...

Patricia : - Non, non, non, non, non, non,non...

Raoul Volfoni : - Ben, j'vais vous dire quandmême... J'vois une carrière internationale... des voyages... Ouais...L'Égypte, par exemple... C'est pas commun, ça, l'Égypte ?...Et pis, c'qu'y'a d'bien, c'est qu'là-bas... l'artiste est toujours gâté.

Antoine de la Foy : - (Patricia éclatede rire...) Patricia ?... Monsieur désire... un renseignement ?...

Patricia : - Non. Monsieur me proposait unetournée en Égypte.

Antoine de la Foy : - Hein !?!!

Raoul Volfoni : - Non, j'disais l'Égypte...comme ça... J'aurais aussi bien pu dire... le Liban...

Antoine de la Foy : - Ah, je vois... Monsieurdirige, sans doute, une agence de voyage ?

Patricia : - Mais non, voyons, Chéri...Monsieur fait la traite des blanches... Oh, tu sais qu'c'est courant... Allez, viens !

Raoul Volfoni : - Pfffff...

(De retour en canfouine...)

M'sieur Fernand : - Oui, j'mangerai bienquelque chose de... consistant, moi !

Raoul Volfoni : - Dis donc... Elle est maquéeà un jaloux, ta nièce... Ch'faisais un brin d'causette... Le genreréservé... Tu m'connais... Mousse et pampre... V'là tout d'uncoup qu'un petit cave est venu m'chercher !... Les gros mots et tout !

M'sieur Fernand : - Antoine... Monsieur Antoine !...Y suffit pas d'lui faire franchir les portes, faut p't-êt' aussi l'faire passerà travers !!!...

(M'sieur Fernand, titubant, se précipitedans le salon...)

Jean : - Ch'rais pas étonnéqu'on ferme !

M'sieur Fernand : - (Lourdant violemmentles mouflets...) Dehors, tout l'monde !!!... Allez ! Les piqueurs dedote, dehors !!!... (Tombant sur Antoine de la Foy...) Mais les famillesfrançaises, ça s'respecte, Monsieur !!!... Les foyers, c'est pasdes bouics, hein !...

Antoine de la Foy : - Vous n'avez qu'uneexcuse, Monsieur, à cet excès de familiarité... c'est l'excèsd'boisson !...

Maître Follasse : - Oh...

M'sieur Fernand : - Non, mais !... Hé !...Mais... Qui qu'a bu !?... Hein !!!...

Maître Follasse : - Ho !... Dujus d'pomme !!!...

M'sieur Fernand : - J'vais vous apprendrele tact, moi, M'sieur Antoine... et à coups d'lattes dans l'oigne, encore !!!...Hein !!!... Allez, hop !...

Maître Follasse : - Allez, allez !...Dehors !... On ferme !...

M'sieur Fernand : - Allez, allez !...Allez, du balai !... Allez !...

Maître Follasse : - Allez, allez, sortez !!...Allez, allez, allez !... Ho !... Allez !... Allez, la tortue !...Par là !... Allez, au trot !... On retire sa main d'là !Et hop !!!... Allez, allez !...

Raoul Volfoni : - Barrez-vous, j'vous dis !...Barrez-vous !... Allez !!!...

Paul Volfoni : - Allez !... Au lit !...Au lit, tout ça !...

Maître Follasse : - Au dodo, les enfants !...Et vite fait !... Éh, la grande !... Et hop-là !...

(Ils se bidonnent... Ils ont viré Paul Volfonidans la foulée, sans le faire exprès... Il revient, penaud... Ils repartentde plus belle... Jean désigne Patricia du doigt... Elle chiale en les voyantse marrer... Elle s'enfuit dans l'escalier...)

M'sieur Fernand : - (Gêné...)Bon, ben... On... on causait d'quoi ?... Hein ?...

Raoul Volfoni : - De notre jeunesse... (MaîtreFollasse part d'un ricanement hyèneux...)

Le lendemain, dans la chambre de M'sieur Fernand


Maître Follasse : - Éh !...Éh, oh !... Oh !!!... Réveillez-vous... Réveillez-vous !...

M'sieur Fernand : - Mais qu'est-ce que vousfaîtes-là, vous ?

Maître Follasse : - J'ai le regretd'vous faire savoir que Mademoiselle Patricia ne s'est pas rendue à son coursce matin.

M'sieur Fernand : - Quoi !?

Maître Follasse : - Patricia !Elle est pas allée au cours ce matin... L'Institution vient d'téléphoner.

M'sieur Fernand : - Ben, j'vous garantiequ'elle va y aller, à son cours... Elle va même y aller tout d'suite,hein !!!...

(Ils foncent dans la turne de Patricia...)

M'sieur Fernand : - Mais... elle est partie...Oh, m'enfin, c'est pas possible ?

Maître Follasse : - Vous avez connusa mère ?

M'sieur Fernand : - Pfff... Quel rapport ?

Maître Follasse : - L'hérédité...Cette manie qu'elle avait, la maman, de toujours faire la valise...

M'sieur Fernand : - Suzanne-Beau-Sourirea été élevée à Bagneux sur la zone... Et àseize ans, elle était sujet vedette chez Madame Reine ! Alors, j'vousrépète, j'vois pas le rapport...

Maître Follasse : - On pourrait peut-être...prévenir la Police ?

M'sieur Fernand : - Ben, vous voulez quel'Mexicain s'retourne dans sa tombe, non !?... Sa fille recherchée parles Perdreaux !?... Ah, y'a vraiment des jours où vous déconnezferme !... Jean !...

Jean : - Monsieur ?

M'sieur Fernand : - Vous avez vu partir laP'tite, vous, c'matin ?

Jean : - Oui, Monsieur. Comme d'habitude.À huit heures.

M'sieur Fernand : - Et vous avez rien remarqué ?

Jean : - Si, Monsieur. Les valises.

M'sieur Fernand : - Hein ! Mais ?Non, mais... C'est... Comment !? Mais c'est maintenant qu'y m'dit ça !!!...Comment !? Une môme s'en va soi-disant à l'école avec desvaloches, et vous, vous trouvez ça naturel !?...

Maître Follasse : - Go on, boy, goon... and he'll break your dirty face... (" Continue à c'train-làet ça va être la fête à tézigue... ")

M'sieur Fernand : - Ah, on peut dire quech'uis secondé... Merci, Messieurs ! Merci !... Ah, oui... (Jeandéplie un papelard...) Qu'est-ce que c'est qu'ça ?

Jean : - C'est l'numéro du radio-taxiqu'elle a pris... (À Maître Follasse...) Yes, Sir !!!

Sortant du tacos


M'sieur Fernand : - Vous êtes sûrque c'est là ?

Le taxi : - Un peu. J'ai coltiné lesbagages... La troisième baraque...

M'sieur Fernand : - Non, mais, elle est folle !?

Le taxi : - C'est toujours c'qu'on a tendanceà croire chaque fois qu'elles nous font la malle...

M'sieur Fernand : - Ben, attendez-moi, j'enai pour cinq minutes.

Le taxi : - Ah, j'aimerai mieux que vousappeliez un collègue... Si la p'tite Dame me voit, j'aurais le vilain rôle...Six cinquante... Et puis nous dans le métier, les ruptures, les retrouvailles,toutes les fluctuations de la fesse, on préfère pas s'en mêler...Moi, j'ai un collègue comme ça, transporteur de cocu... lui, y s'estretrouvé criblé, en plein jour, rue Godot, par une maladroite...

M'sieur Fernand : - Oui, bon, ben, çava, ça va !... (M'sieur Fernand poireaute pour sa monnaie...)

Le taxi : - Voilà, M'sieur... (M'sieurFernand prend son blé... et le lui refile comme pourliche...) Merci bien...Hé !... Soyez quand même pas trop dur...

Pénétrant prudemment dans la taule d'Antoine


Antoine de la Foy : - Oh, nom de Dieu denom de Dieu !!!... Mais où faut il s'expatrier, mon Dieu, pour avoirla paix !?... Au Groenland ? À la Terre de Feu ?... J'allaistoucher... l'anti-accord absolu... vous entendez... Absolu !!!... La musiquedes sphères... Mais qu'est-ce que j'essaie d'vous faire comprendre, homme-singe !

M'sieur Fernand : - Vous... vous permettez ?(Excédé, mais digne, il ferme les robinets...)

Antoine de la Foy : - Ah, non !

M'sieur Fernand : - Monsieur de la Foy, quandvous en aurez terminé avec vos instruments de ménage...

Antoine de la Foy :- Aaah !!! J'attendais ça... Mes instruments d'ménage...L'ironie du primate... Humour Louis-Philippard... Le sarcasme Prudhommesque... MonsieurNaudin, vous faites sans doute autorité en matière de bulldozer, tracteuret Caterpillar, mais vos opinions sur la musique moderne et sur l'art en général,je vous conseille de n'les utiliser qu'en suppositoire !... Voilà !...Et encore... Pour enfant... J'ajouterai que m'ayant mis à la porte dechez vous, je comprends mal...

M'sieur Fernand : - Où est Patricia ?

Antoine de la Foy : - Je comprends mal, disais-je,votre présence chez moi !

M'sieur Fernand : - Où est Patricia !!?!

Patricia : - Ici, mon Oncle... Bonjour...

M'sieur Fernand : - Mais, enfin ?...Enfin, Patricia, mais... mais qu'est-ce que tu fais là ?... Mais qu'est-ceque ça veut dire, tout ça ?...

Patricia : - Tu vois.... Je civette, je bainmarise,je ragougnasse... bref... je donne à Antoine tout apaisement dans l'avenir...Logique, non ?... S'il doit passer sa vie avec moi...

M'sieur Fernand : - Passer sa vie ?

Patricia : - Naturellement, tu restes déjeuneravec nous ?... Chéri !...

Antoine de la Foy : - Oui ?

Patricia : - Euh... Tu devrais descendrechez l'Italien... je crois que nous allons manquer de vin.

Antoine de la Foy : - Oncle Fernand préfèrele Bordeaux ou l'Bourgogne ? Hein ?... On prendra les deux...

Patricia : - Ça ne va pas ? Qu'est-ceque tu as ?

M'sieur Fernand : - Euh... j'deviens louf,c'est tout !

Patricia : - Oh ! Mon civet qui brûle !...Tu peux venir tu sais.

M'sieur Fernand : - Écoute, Patricia...Enfin, qu'est-ce qui t'a pris d'partir comme ça ?...Hein ?... Etpuis, tu nous as fait faire un mauvais sang du diable, quoi !

Patricia : - Qu'est-ce qui t'a pris de mettreAntoine à la porte ?

M'sieur Fernand : - Tu veux mon avis ?

Patricia : - (Avançant unelouche de râgout...) C'est bien pour ça que j'teul'fais goûter...

M'sieur Fernand : - Éh ben, y manquede thym... Non, mais c'est pas d'ça qu'y s'agit... C'est... c'est de mon avissur ton Antoine...

Patricia : - Mon Antoine ! Tu ne croispas si bien dire... Il m'épouse...

M'sieur Fernand : - Ah, non, non... Non,euh... Patricia, attention, ne nous emballons pas... Hein ?... D'abord, est-ceque tu l'aimes ?... Enfin... est-ce que tu l'aimes assez pour l'épouser ?

Patricia : - Oh, presque trop ! C'estdu gâchis !... Ça méritait une liaison malheureuse, tragique...quelque chose d'Espagnol... même de Russe... Allez, viens donc boire un petitscotch, va... Ça te fera oublier ceux d'hier...

M'sieur Fernand : - Hier ? J'ai rienbu !... Mais alors, pas ça !...

Patricia : - Alors ?... Pourquoi tudéambulais toute la nuit ?... Tu as même fait couler deux bains.

M'sieur Fernand : - Les nerfs... Dis-moi...Tu... tu comptes rentrer pas trop tard... Oui. Il faudrait pas que la future belle-familleaille s'imaginer que... que nous menons une vie d'bohème, quand même...Parce que ton Antoine, il est bien gentil avec ses airs-là... mais tu vasvoir qu'il va nous faire surgir une famille comme tout l'monde !...

(À l'apéro...)

Antoine de la Foy : - Bref, seul rescapéd'une famille ébranlée par les guerres coloniales, les divorces etles accidents de la route, Papa !... Adolphe Amédée de la Foy,dit " Le Président "... Un personnage... Il collectionneles pendules et les contraventions... les déceptions sentimentales et lesdécorations... Il les a toutes, sauf la médaille de sauvetage... laplus belle selon lui, mais la plus difficile à décrocher... quand onest pas breton !

M'sieur Fernand : - Un homme curieux, ditesdonc !

Antoine de la Foy : - Un père... AdolpheAmédée témoigne, en matière d'art, de perversions assezvoisines des vôtres... Défenseur de Puvis de Chavannes et de RaynaldDohan...

M'sieur Fernand : - Connais pas...

Antoine de la Foy : - Lui, si... Àpart ça, ce qu'il est convenu d'appeler un grand honnête homme... Portésur la morale et les soubrettes, la religion et les jetons de présence...Vous connaissez sa dernière ?... Il vient d'se faire bombarder Vice-Présidentdu Fonds Monétaire International...

M'sieur Fernand : - Oh ?

Patricia : - À quoi penses-tu ?

M'sieur Fernand : - Fonds Monétaire...Pas bête, ça, tu sais !

Au matin, dans la piaule de M'sieur Fernand

Jean, Maître Follasse et Patricia : - (Enchœur...) " Happy birthday to you... happy birthday to you... happybirthday, Fernand... happy birthday to you ! "

Patricia : - Bon anniversaire, mon Oncle !

Maître Follasse : - Joyeux anniversaire,mon cher.

Jean : - Good health and " héppyness ",Sir !... Santé et prospérité, Sir.

M'sieur Fernand : - C'est vraiment trop gentil.

Patricia : - On a apporté celui-làtout à l'heure. Expéditeur, " Volfoni frères ".

M'sieur Fernand : - On a beau avoir faitla paix, ça fait quand même quelque chose... Ah, si, j'dois dire qu'legeste est délicat...

Patricia : - C'est sûrement une pendule...Écoute...

(Tic-tac, tic-tac... M'sieur Fernand balance lepaquet par la fenêtre... Ça pête...)


Péniche des Volfoni Bros.


M'sieur Fernand : - (Mâchoires crispées...Raoul esquisse un sourire dubitatif...) " Happy birthday to you...happy birthday to you... happy birthday to you... happy birthday to you ! "

(Bourrepif...)

Paul Volfoni : - Il est parti.

Raoul Volfoni : - Non,mais, t'as déjà vu ça !?... En pleine paix... Il chanteet puis crac !... Un bourrepif !... Mais il est complètement fou,ce mec... Mais, moi, les dingues, euj'les soigne... J'm'en vais lui faire une ordonnance...Et une sévère... J'vais lui montrer qui c'est Raoul... Aux quat'coinsd'Paris, qu'on va l'retrouver, éparpillé par petits bouts... façonpuzzle... Moi, quand on m'en fait trop, j'correctionne plus... pouit... j'dynamite...j'disperse... j'ventile...

Les Volfoni vengeurs radinent dans la vérandadu Mexicain


Paul Volfoni : - (Guettant, anxieux, laronde armée de M'sieur Fernand...) Pfff... On aurait pas du venir...

Raoul Volfoni : - Ta gueule !... Assure-toiqu'y s'est recouché !... (Il peaufine sa diablerie... Quelqu'un rappliquedans son dos... Il ne sait pas que c'est M'sieur Fernand...) Alors, y dort legros con ?... Ben, y dormira encore mieux quand il aura pris ça dansla gueule !!!... Il entendra chanter les anges, le gugusse de Montauban... J'vaisl'renvoyer tout droit à la Maison Mère... au terminus des prétentieux...

À la Clinique Dugoineau


Raoul Volfoni : - (Tuméfiéet momifié par ses bandages...) Fumier, va !... Fumier...

Paul Volfoni : - Ben...

Raoul Volfoni : - Ah, l'fumier...

Parcourant un canard dans le séjour


M'sieur Fernand : - " Énigmedans l'affaire du camion incendié. Parmi les bouteilles de pastis clandestintransportées par les fraudeurs, certaines contenaient de l'essence. "...Évidemment, ça brûle mieux...

Pascal : - Oui... mais... M'sieur Fernand...Ce que vous avez fait aux Volfoni... C'est pas bien.

Bastien : - C'est surtout pas juste.

M'sieur Fernand : - Ah, elle est bien belle,celle-là !... Comment !? Ils me flinguent à vue, ils me butentHenri...

Pascal : - Justement pas...

Bastien : - Ah, tiens ?... Explique-toi...

Pascal : - M'sieur Fernand... Si les Volfonivous avaient seringué, vous et Henri... qui aurait été aux commandes,hein ?

Bastien : - Moi !... Premièregâchette !

M'sieur Fernand : - Et c'était pastoi !... Dites donc... Théo... l'ami Fritz-là... question mentalité,quelle côte vous lui donnez ?

Pascal : - Ben... c'est pas du blanc-bleu...

M'sieur Fernand : - Ça vous ennuyeraitd'faire une p'tite commission pour moi ?

Pascal : - Nous, si les Volfonis n'sont plusdans le tourbillon...

Bastien : - Présentée commeça, la chose peut nous séduire...

M'sieur Fernand : - Ben, alors... Vous pourriezp't-êt' passer voir Théo à la campagne... Il a sans doute besoind'parler... d'causer... Et à vous qu'il connaît bien... il se confieraitp't-êt', hm ?...

Pascal : - Je vois pas d'raison pour qu'ilnous fasse des cachotteries...

Bastien : - J'vois pas non plus...

Pascal : - Ou alors, ce s'rait vraiment l'goûtd'taquiner !

Pascal et Bastien passent un coup de bigo d'un taxiphone


Pascal : - Alors, voilà, M'sieur Fernand...On est passé à la distillerie... Théo était pas là,on est tombé sur Tomate... Curieux, non ?...

M'sieur Fernand : - Qu'est-ce qu'il faisaitlà ?

Pascal : - Mais détendez-vous, M'sieurFernand. Il nous l'a dit ce qu'y faisait là... (Ils éclatent derire...)

Théo et son boyfriend découvrent Tomateraide à la distillerie


Théo : - Paufre Tomate... Che léfoyais pas z'en aller zi fite...

L'ami de Théo : - Comme ça,on aura pas à le faire... puisque c'est par lui qu'on devait clôturer...

Théo : - Z'est tout ze que t'as troufé !?...Tu comprends que zi Tomate est deszendu, z'est qué l'autre branque a compris !...Et qué za zera bientôt notre tour !... Zeulement maintenant, ona le droit pour nous...

L'ami de Théo : - Le droit ?

Théo : - Léchitime défense...Afec moi, za ne pardonne pas...

Les vilains prennent position dans le parc du Mexicain


Maître Follasse : - Mon cher, nousavons de la visite ! (Il sort un flingue et défouraille...)

Freddy : - Comme effet d'surprise, c'estréussi !... V'là qu'on s'fait flinguer !... (Riposte...)

Maître Follasse : - Saloperie !

M'sieur Fernand : - (Jean débouclele coffre-fort...) J'te demande pas si tu sais les ouvrir...

Jean : - (Tendant un calibre àM'sieur Fernand...) Je demande pas à Monsieur si Monsieur sait s'en servir...(Adolphe Amédée de la Foy, stoïque, débarque sous ledéluge et sonne à la porte)... Monsieur attendait quelqu'un ?

Maître Follasse : - D'aprèsMonsieur, serait-ce une feinte de l'ennemi ?

Adolphe Amédée de la Foy : - Voulez-vousm'annoncer auprès de Monsieur Fernand Naudin, je vous prie ?

Jean : - D'la part de qui ?... (L'ancêtreest sourdingue...) De la part de qui, Monsieur !!?!

Adolphe Amédée de la Foy :- Quoi ?...Qu'est-ce qu'il y a, mon ami ?... Articulez !

Jean : - De la part de qui, Monsieur !!?!

Adolphe Amédée de la Foy : - Ah !De la part du Président de la Foy !... Le père d'Antoine de laFoy...

Jean : - Le Président de la Foy !!!

Adolphe Amédée de la Foy : - Puisqu'onne m'annonce pas, je le fais moi-même... Président de la Foy...

M'sieur Fernand : - (Volée de bastos...Enlaçant le croulant, M'sieur Fernand le vire du champ de tir...) Heu-heu !!!...

Adolphe Amédée de la Foy : - Moiaussi, Monsieur Naudin, je suis absolument ravi de faire votre connaissance... (Re-voléede bastos... Cette fois-ci, au prix d'une java endiablée, M'sieur fernandmet définitivement le crouton a l'abri...) J'vois qu'vous êtes habituéà mener les choses rondement, hein... Ce n'est pas pour me déplaire,d'ailleurs... J'aime l'action, l'initiative... Ainsi, moi-même, quand j'étaisjeune, je jouais z'au hockey sur gazon... (Re-bastos... Une horloge sonne...)Oooh ! Grand Dieu !... Fin XVIII eme... de Ferdinand Bertoud... Àmoins que ma future belle-fille n'y tienne réellement, je l'échangeraisbien contre autre chose... Oui... Pardonnez-moi, j'anticipe... Et bien, Monsieur...J'ai l'honneur de vous demander la main de votre nièce Patricia pour mon filsAntoine... (M'sieur Fernand dodeline positivement de la tête à uneinterrogation de Maître Follasse... et l'ancien prend ce hochement pour saréponse...) Ce " oui " est un cri du cœur !...Je n'en attendais pas moins... (M'sieur Fernand en re-sue une petite pour planquerderechef le patriarche...) Oui... Oui... Éh ben, voilà... Cettemaison est un ravissement... Ah, ces verdures, ce calme... Oh... (L'antique aperçoitMaître Follasse et le salue...) Monsieur... Oui, voyez-vous, cher Monsieur,rien ne vaut ces vieilles demeures de familles... avec ces greniers où nousavons joué enfants... (La rincée de dragées se poursuit...)Il me semble avoir entendu... ?

M'sieur Fernand : - Euh, oui... C'est...c'est le jardinier qui tue les taupes... James !

Jean : - Monsieur ?

M'sieur Fernand : - Voulez-vous lui direde faire un peu moins d'bruit, s'il vous plaît ?

Jean : - (Soufflé...) Euh...J'vais essayer d'lui faire comprendre, Monsieur....

Adolphe Amédée de la Foy : - Dites-moique c'est un héritage... Un cadeau... Un objet de famille... Mais n'me ditespas que vous l'avez trouvé à Paris... Vous me tueriez !

M'sieur Fernand : - Quoi ?

Adolphe Amédée de la Foy : - (Enpointant un bibelot sur la cheminée...) Ça ! (Une pralineau plafond le recouvre de plâtre)... Ouh !... Mais qu'est-ce que c'est ?...

M'sieur Fernand : - Des termites.

Adolphe Amédée de la Foy : - Hein !?

M'sieur Fernand : - Des termites !...Ça bouffe tout, les termites !... L'ennui de ces vieilles demeures oùnous avons joué enfants... (Re-praline, re-plâtre)... Sales bêtes !...

(Pascal et Bastien se pointent et, vu l'ambiance,dégainent)...

Freddy : - Les horribles !... Séparément,ils sont déjà pas drôles... ch'uis pas pressé d'connaîtreleur numéro d'siamois !...

Théo : - Il faut bien admettre qu'exzeptionnellement,Dieu n'est pas afec nous !... Mais z'il ne zera pas dit que nous afons zortilé matériel pour rien... (Ils partent mitrailler les Volfoni àleur sortie de l'hosto...) Che té dis pas que z'est pas inchuste... chete dis qué za zoulache !

Préparation de la noce chez le Mexicain


Le tailleur : - Ah, parfait !... Absolumentparfait !... Et pourtant, une jaquette... c'est difficile à porter...Et Monsieur la porte... à ravir... Monsieur a une morphologie de diplomate...

M'sieur Fernand : - Très bien, trèsbien... Soyez assez gentil d'm'envoyer votre facture le plus vite possible... Parceque moi, je repars en Province après-demain, hein !?

Le photographe : - S'il vous plaît...Ne bougeons plus !... Merci.

Patricia : - Mon Oncle, c'est merveilleux !...Je n'aurais jamais pensé qu'nous avions autant d'amis !...

M'sieur Fernand : - Nous en avons encorebeaucoup plus que tu ne le penses...

Antoine de la Foy : - Vous avez l'air exceptionnellementdétendu, Oncle Fernand... Heureux de vivre.

M'sieur Fernand : - Ah, oui ! Ça,vous pouvez le dire.... Maintenant que ma mission de tuteur est terminée...et croyez moi !... Et puis... quant aux diverses affaires constituant la dotede notre petite Patricia, votre cher papa a accepté d'les prendre en charge...Elles sont sans doute un petit peu... particulières, mais... enfin... avecun Vice-Président du Fonds Monétaire à leur tête... Éhben, moi, ch'pense que tout ira bien...

Antoine de la Foy : - Oui, surtout avec Papa...Il ne comprend rien au passé, rien au présent, rien à l'avenir...Enfin, rien à la France, rien à l'Europe... Enfin, rien à rien...Mais il comprendrait l'incompréhensible... dès qu'il s'agit d'argent !...

M'sieur Fernand : - (Avisant Jean quireluque l'argenterie...) C'est pas du toc, non ?

Jean : - M'sieur Fernand ! Du Vieux-Paris !

Pascal : - M'sieur Fernand ! M'sieurFernand !...

M'sieur Fernand : - Ben, qu'est-ce qu'y'a ?

Maître Folasse : - Y'a du nouveau....Théo est re-paru... Il est à la distillerie, avec tout son p'tit monde...

M'sieur Fernand : - Quoi !?

Pascal : - Ils démontent le matériel...On dirait qu'ils vont se faire la malle...

M'sieur Fernand : - Et t'es là !?...Jean ?... Ah, bravo...

Pascal : - Mais Bastien monte la garde !...On aurait pu les flinguer sans douleur, mais on a pensé que Théo vousrevenait de droit... On a déjà vu des patrons s'vexer...

M'sieur Fernand : - Bon, ben... Jean, ditesà Mademoiselle que j'ai une course urgente à faire, que... et que jerejoindrai le... le cortège à l'Église, hein, voilà !Hein ?

Jean : - Pour ce genre de course, je conseilleà Monsieur, si Monsieur me permet, de pas partir la musette vide...

Pascal : - Oh, dis donc ! Tu m'a déjàvu pas emporter ce qu'il faut, où il faut et quand il faut !?!!

Jean : - Oh, excusez-moi, Monsieur Pascal,mais... des jours comme aujourd'hui, on n'a plus sa tête...

Maître Follasse : - Bon... Perdonspas d'temps... On y va !...

M'sieur Fernand : - Non, non, non... Vous...vous, à l'Église, hein ! Là !

Pascal et M'sieur Fernand débarquent àla distillerie où Bastien est en planque


Bastien : - Ils sont là... J'en aidéjà repéré trois... Y'en a peut-être d'autres...

Pascal : - Qu'est-ce qu'on fait, M'sieurFernand ?... On attend qu'ils sortent ?... On fait un fermé ou unrabat ?

M'sieur Fernand : - Ah, non, j'ai pas l'tempsd'attendre, moi. Ch'uis d'cérémonie à dix heures. Allez !...Allons-y, allez !

Pascal : - Bon...

L'ami de Théo : - Hé !...Ils arrivent.

Pascal : - (Tombant sur le bazooka deBastien...) Qu'est-ce que je vois là ?... Ça !...

Bastien : - Éh, j'l'avais en cas qu'ilaurait fallu tirer en rafale... Des fois qu'y s'raient tous sortis d'un coup... Ta-ta-ta-ta-ta...Hop !

Pascal : - C'est marrant que t'es gardéc'côté maquisard... T'es pas en âge d'arrêter tes mômeries ?

M'sieur Fernand : - Bon, alors, c'est fini,oui !? Puisque j'vous dis que ch'uis pressé ! Hein !

(Ça défouraille à tout va...Baston... Théo parvient à se trisser... M'sieur Fernand, Pascal etBastien se rejoignent à leur carriole...)

Pascal : - (Reluquant sa tocante...)Patron...

M'sieur Fernand : - Oh, merde !

Pascal : - (Rafistolant la limace déchiréede M'sieur Fernand...) Avec la jaquette, ça ira...

M'sieur Fernand : - Ça va ?

Tout le monde se retrouve à l'Église


Jean : - Pfff... J'ai eu chaud...

(M'sieur Fernand croise le Monocle à la montéedes marches... Théo vient se garer devant l'Église, mitrailleuse enpogne... La soliste en pousse une petite... Une déflagration résonne...Bastien et Pascal réintègrent l'Église fissa...)

Fin.